Robert Morris, figure centrale de l’évangélisme américain, fondateur de l’une des plus grandes mégachurches du Texas, et ancien conseiller spirituel de Donald Trump, a plaidé coupable jeudi 2 octobre à des faits d’abus sexuels commis dans les années 1980 sur une fillette de 12 ans.
Âgé de 64 ans, Morris a reconnu devant un tribunal de l’Oklahoma cinq chefs d’accusation d’« actes obscènes ou indécents sur mineur ». Condamné à dix ans de prison, il ne purgera que six mois derrière les barreaux, le reste de la peine étant assorti de probation. Il devra également s’inscrire au registre des délinquants sexuels et verser 250 000 dollars de restitution à sa victime.
La plaignante, Cindy Clemishire, avait 12 ans en 1982 lorsqu’elle a été abusée par Morris, alors évangéliste itinérant logeant chez sa famille à Hominy, dans l’Oklahoma. Selon son témoignage, les agressions se sont répétées plusieurs années. Présente à l’audience, elle a rappelé qu’« il n’existe pas de consentement pour un enfant de 12 ans » et accusé Morris d’avoir « commis un crime » qui a bouleversé sa vie.
Fondateur en 2000 de Gateway Church, près de Dallas, Robert Morris avait bâti une véritable mégachurch, rassemblant des dizaines de milliers de fidèles chaque semaine et diffusant ses sermons à une audience internationale. Sa notoriété lui avait ouvert les portes de la Maison-Blanche : en 2016, Donald Trump l’avait nommé au sein de son comité consultatif évangélique. Comme d’autres pasteurs influents de la droite chrétienne américaine, Morris a soutenu l’ancien président dans sa croisade contre l’avortement et contre les avancées des droits LGBTQIA+.
La condamnation de Morris met en lumière les dérives au sein de cercles religieux ayant souvent pesé sur le débat politique américain. Cette affaire illustre non seulement la vulnérabilité des enfants face à des figures charismatiques de l’Église, mais aussi l’hypocrisie d’un courant qui, tout en prônant une stricte morale sexuelle, a longtemps minimisé ou couvert des abus.
L’Oklahoma a pu juger ce dossier malgré le temps écoulé grâce à une disposition juridique suspendant le délai de prescription lorsque l’accusé quitte l’État. L’affaire relance ainsi aux États-Unis le débat sur l’élimination totale des délais de prescription pour les violences sexuelles contre des mineurs.
Pour Cindy Clemishire, qui a attendu plus de quarante ans avant d’obtenir justice, le plaidoyer de culpabilité du pasteur représente « un nouveau départ » : « Je ne suis plus la petite fille réduite au silence », a-t-elle déclaré en quittant la salle d’audience.














