États-Unis : les crimes de haine anti-LGBTQ+ restent à un niveau alarmant, alerte le FBI

Le Bureau fédéral d’enquête (FBI) a publié mardi 5 août ses statistiques annuelles sur la criminalité aux États-Unis. Si les violences globales connaissent un net recul, les crimes de haine ne fléchissent que très légèrement, et les personnes LGBTQ+ demeurent parmi les principales cibles.

En 2024, les forces de l’ordre américaines ont ainsi recensé 10 873 incidents de crimes motivés par la haine, soit une baisse d’environ 1,5 % par rapport à l’année précédente. Mais cette diminution, minime, fait suite à un record historique établi en 2023. Le chiffre de 2024 reste donc le deuxième plus élevé depuis le début du recueil de données en 1991.

Parmi ces actes, près d’un sur cinq (17,2 %) visait spécifiquement l’orientation sexuelle de la victime, avec 1 950 incidents recensés. Les crimes motivés par l’identité de genre ont, eux, représenté 4,1 % des cas (soit 463 incidents), un chiffre quasi stable par rapport à l’année précédente. Ces données confirment une tendance préoccupante : les personnes LGBTQ+, et en particulier les hommes homosexuels et les personnes transgenres, restent disproportionnellement exposées aux violences ciblées.

Le détail des chiffres révèle que plus de la moitié des crimes fondés sur l’orientation sexuelle ont visé des hommes gays. Une proportion en légère hausse, qui souligne la persistance d’un rejet virulent de l’homosexualité masculine dans une partie de la société américaine.

« Ce que montre ce rapport, c’est une urgence nationale qui persiste, mais qu’on refuse trop souvent de voir », a réagi Kelley Robinson, présidente de la Human Rights Campaign (HRC), principale organisation de défense des droits LGBTQ+ aux États-Unis. Elle dénonce une atmosphère politique « empoisonnée par les discours de haine » et une instrumentalisation des minorités sexuelles à des fins électoralistes.

Le rapport du FBI s’appuie sur les données transmises par 16 419 agences de police à travers le pays. Toutefois, seules 19 % d’entre elles ont signalé des crimes de haine sur leur territoire en 2024, ce qui interroge sur l’ampleur réelle du phénomène. De nombreuses associations estiment que ces chiffres sont largement sous-évalués, en raison de la défiance persistante entre les communautés LGBTQ+ et les forces de l’ordre, et du manque de formation des agents à l’identification de ces actes motivés par la haine.

En parallèle, la criminalité violente aux États-Unis a enregistré une baisse marquée de 4,5 %, avec une chute de près de 15 % des homicides. Ces résultats positifs masquent toutefois les fractures sociales qui alimentent les violences ciblées.

Alors que plusieurs États, dirigés par des gouverneurs républicains, continuent d’adopter des lois restreignant les droits des personnes LGBTQ+, notamment dans l’éducation, l’accès aux soins ou la visibilité publique, les acteurs de la société civile appellent à une réaction politique ferme.

« On ne peut pas à la fois prétendre garantir la sécurité de tous et entretenir une culture de la stigmatisation », rappelle Kelley Robinson. Une alerte que beaucoup aux États-Unis, et bien au-delà, ne peuvent plus se permettre d’ignorer.