Rumeurs transphobes et cyberharcèlement : comprendre la « transvestigation » en ligne

Depuis l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République en 2017, Brigitte Macron est régulièrement la cible d’une rumeur transphobe affirmant qu’elle serait née homme. Cette information infondée, relayée sur les réseaux sociaux et certaines chaînes internationales, relève d’une pratique appelée « transvestigation » : une forme de complotisme consistant à examiner l’apparence et les gestes d’une personne publique pour « démontrer » qu’elle serait transgenre.

La transvestigation est une dérive sexiste et transphobe qui transforme les personnes en objets d’enquête, niant leur intimité et leur dignité. Elle repose sur l’idée que le genre d’une personne devrait correspondre à des normes physiques ou comportementales strictes et considère la transidentité comme une honte ou un mensonge. Ce phénomène, longtemps circonscrit à certaines sphères complotistes, a pris une ampleur internationale ces dernières années, notamment après la reprise de la rumeur par des influenceurs étrangers.

En France, la diffusion de ces accusations a conduit à plusieurs procédures judiciaires. Fin octobre 2025, dix personnes, âgées de 41 à 60 ans, dont des influenceurs, une élue locale, un professeur et une médium, ont été jugées devant le tribunal correctionnel de Paris pour cyberharcèlement à caractère sexiste et transphobe visant la Première dame. Le parquet a requis des peines d’emprisonnement avec sursis allant de trois à douze mois. Ce procès intervient après des condamnations en première instance, suivies de relaxes en appel pour deux femmes poursuivies pour diffamation, des décisions désormais susceptibles de recours en cassation.

Parallèlement, Brigitte et Emmanuel Macron ont engagé une action en diffamation contre la commentatrice américaine Candace Owens, qui avait contribué à relayer cette rumeur à l’international. Cette plainte révèle les défis liés à la diffusion mondiale de contenus haineux et le rôle des plateformes dans la propagation de théories complotistes transphobes.

Il est important de souligner que la transidentité n’a rien de diffamatoire. Dans cette affaire, la plainte ne vise pas le fait d’être trans, mais la diffusion malveillante d’informations mensongères dans un contexte de haine et de harcèlement. STOP homophobie rappelle que le problème n’est jamais l’identité de genre d’une personne, mais l’usage de celle-ci pour humilier, stigmatiser ou harceler.

Cette affaire montre combien la transphobie et le sexisme en ligne se sont banalisés, touchant chaque jour de nombreuses adolescentes, femmes et personnes trans vulnérables. Les attaques fondées sur l’identité de genre constituent une atteinte à la dignité humaine et à la liberté individuelle, sanctionnée par la loi française.

Au-delà du cas individuel, elle souligne l’urgence d’une éducation numérique inclusive et d’une régulation efficace des plateformes pour lutter contre la désinformation et le harcèlement ciblé. Elle rappelle aussi que la transphobie, qu’elle vise une personnalité publique ou des citoyens ordinaires, demeure un enjeu de société majeur nécessitant vigilance et mobilisation collective.

L’identité de genre ne doit jamais servir d’arme de discrédit. La transphobie est une violence contre toutes et tous, et il est de notre responsabilité de la dénoncer.