Le réseau professionnel LinkedIn est accusé par plusieurs associations LGBTQ+ d’avoir affaibli ses règles de modération en supprimant, fin juillet, des mentions explicites interdisant le misgendering (emploi de mauvais pronoms) et le deadnaming (utilisation de l’ancien nom) à l’encontre des personnes transgenres. Une modification confirmée par plusieurs médias, dont The Advocate.
Jusqu’alors, les règles de la plateforme, consultables dans la section « Hateful and Derogatory Content » (contenus haineux et dénigrants), citaient ces pratiques comme exemples clairs de discours haineux interdits. Elles garantissaient aussi, dans la rubrique « Harassment and Abusive Content » (harcèlement et contenu abusif), que l’identité de genre figurait parmi les « traits inhérents » protégés.
Depuis fin juillet, ces références ont disparu. Le texte évoque désormais des « traits inhérents » non définis, et remplace la mention d’identité de genre par la notion plus vague de « genre perçu ». LinkedIn affirme que le misgendering et le deadnaming restent prohibés au titre de sa politique contre le harcèlement, mais leur absence du volet « discours haineux » suscite des inquiétudes. La règle devient floue, la modération plus subjective, et certains contenus transphobes pourraient ne plus être considérés comme des violations.
Pour GLAAD, l’une des principales organisations américaines de défense des droits LGBTQ+, il s’agit d’« un recul explicite » qui s’inscrit dans une tendance plus large. Meta (Facebook, Instagram, Threads) a déjà réécrit ses politiques pour autoriser certains propos discriminatoires s’ils sont présentés comme des opinions politiques ou religieuses. YouTube a, de son côté, retiré au printemps la mention « identité et expression de genre » de ses règles contre la haine, sans explication claire.
Ces changements vont rendre plus difficile la modération de contenus ciblant spécifiquement les personnes trans et non-binaires, alors que le misgendering et le deadnaming font partie des formes les plus fréquentes et insidieuses de violence en ligne, et qu’un cadre explicite est indispensable.
Microsoft, propriétaire de LinkedIn, se présente pourtant comme un champion de la diversité et de l’inclusion dans ses rapports annuels. Sollicitée, l’entreprise s’est bornée à renvoyer vers les déclarations de LinkedIn, affirmant « n’avoir rien à ajouter ».
En France, où LinkedIn compte plusieurs millions d’utilisateurs, ces ajustements risquent de passer inaperçus auprès du grand public. Mais pour les associations, ils illustrent un enjeu global : la fragilisation progressive des garde-fous contre les violences anti-LGBTQ+ sur les grandes plateformes, dans un contexte international marqué par une intensification des attaques politiques contre les droits des personnes trans.

















