Quand le chef du Pentagone diffuse un message sexiste et homophobe

Nouvelle polémique aux États-Unis après qu’un membre clé de l’administration Trump, Pete Hegseth, secrétaire à la Défense, a relayé sur le réseau X une séquence de CNN donnant la parole à des pasteurs chrétiens nationalistes tenant des propos ouvertement sexistes et homophobes.

Dans ce reportage, Doug Wilson, figure influente de la mouvance conservatrice et pasteur principal à Moscow, dans l’Idaho, appelle à « re-criminaliser la sodomie » et à supprimer le droit de vote des femmes, obtenu en 1920 avec le 19e amendement à la Constitution. Un autre pasteur y défend l’idée d’un vote organisé « par foyer », réservé aux hommes, tandis qu’un troisième soutient explicitement l’abrogation de l’amendement. Wilson évoque également son souhait de revenir à l’Amérique des années 1970, époque où les rapports homosexuels étaient encore considérés comme un crime dans plusieurs États.

Pete Hegseth, qui apparaît brièvement dans la séquence, a choisi de la republier en l’accompagnant de la formule : « All of Christ for All of Life » (« Tout le Christ pour toute la vie »). Ce geste a suscité l’indignation de nombreuses voix religieuses et politiques. « Il est très troublant de voir le chef du Pentagone amplifier ce type de discours », a réagi Doug Pagitt, pasteur et directeur de l’organisation évangélique progressiste Vote Common Good.

Le Pentagone a confirmé que M. Hegseth fréquente une église affiliée à la Communion of Reformed Evangelical Churches (CREC), fondée par Doug Wilson, et qu’il salue régulièrement ses enseignements. Cette proximité interroge d’autant plus qu’en février, le secrétaire à la Défense avait déjà fait parler de lui en interdisant aux personnes transgenres de s’engager dans l’armée américaine, appliquant un décret signé par Donald Trump, revenant ainsi sur la politique inclusive instaurée sous Joe Biden.

Ce nouvel épisode donc illustre une tendance toujours large : la résurgence, y compris dans les pays démocratiques, de discours qui visent à effacer des décennies de progrès pour les droits des femmes et des minorités sexuelles. Les réseaux transnationaux de l’extrême droite religieuse s’organisent, échangent leurs méthodes et inspirent des acteurs politiques jusque sur le sol européen. Pour les militants LGBT et féministes, cette séquence doit servir d’alerte : aucun acquis n’est irréversible et la vigilance collective reste indispensable pour défendre l’égalité et la dignité de toutes et tous.