Le Stade Toulousain a remporté samedi 29 juin un nouveau titre de champion de France. Mais au-delà de la performance sportive, c’est un baiser inattendu entre deux de ses joueurs stars, les internationaux Blair Kinghorn et Jack Willis, qui a électrisé les réseaux sociaux.
La vidéo, tournée dans les vestiaires après la victoire écrasante contre Bordeaux-Bègles (59-3), montre les deux hommes s’enlacer puis s’embrasser brièvement sur la bouche, au milieu des cris, de la mousse et de la musique. Les sourires sont francs, le geste assumé.
Proches amis en dehors du terrain, les deux joueurs sont engagés dans des relations hétérosexuelles : Kinghorn est fiancé à la nutritionniste Dina Celina, tandis que Willis est en couple avec Megan Ely, mère de leur fils Enzo. Il ne s’agit ni d’un coming out, ni d’une déclaration romantique, plutôt d’un moment de camaraderie euphorique. Pourtant, dans un environnement encore marqué par l’homophobie et la pression viriliste, l’image a suscité une onde de réactions.
« Cela bouscule les codes d’un sport où la virilité est encore très encadrée », analyse Lucas Garnier, sociologue du sport. « C’est aussi une manière de normaliser les marques d’affection entre hommes, sans forcément y coller une étiquette. »
Le cliché a été partagé sur les comptes officiels de la Ligue, et salué avec humour par la marque Budgy Smugglers, créatrice du maillot de bain porté par Kinghorn. Parmi les réactions, celle de Jérémy Clamy-Edroux, premier joueur professionnel français à avoir fait son coming out en 2021, pour qui ce geste n’a rien d’anodin : « Même si ce n’est pas un coming out, c’est un signe positif. Cela contribue à détendre l’atmosphère autour de la question de l’homosexualité dans le rugby ».
Car si le rugby se plaît à revendiquer une image « viril mais ouvert », les chiffres rappellent une réalité plus fermée. En France, Clamy-Edroux reste le seul joueur en activité à s’être déclaré homosexuel. L’Irlandais Jack Dunne, dans le championnat anglais, est à ce jour le seul joueur ouvertement bisexuel. Quant aux anciens internationaux ayant parlé publiquement de leur orientation sexuelle, Gareth Thomas (Pays de Galles), Nick McCarthy (Irlande), Campbell Johnstone (Nouvelle-Zélande) ou Dan Palmer (Australie), la plupart ont attendu la fin de leur carrière.
Ni Kinghorn ni Willis n’ont commenté l’épisode mais l’image, largement relayée, a été salué en ligne par de nombreux supporters y voyant un symbole d’ouverture.
« Même sans intention militante, ça participe à faire tomber des barrières », souligne Lucas Garnier. « Et c’est précieux, surtout en plein mois des Fiertés. »
Kinghorn a quitté Paris dès le lendemain pour rejoindre la tournée des Lions Britanniques et Irlandais en Australie. Willis, lui aussi pressenti pour être appelé, savourait encore la troisième victoire consécutive de Toulouse en Top 14.















