Tribunal criminel de Genève : 18 ans de prison requis pour le meurtre d’un homosexuel au printemps 2013

« Je ne sais pas, j’étais perdu, j’étais comme un robot dans ma tête. » Hésitant, murmurant ses réponses en albanais à l’interprète, l’accusé ne parvient pas à mettre des mots sur les raisons de son déchaînement de violence. Prévenu de meurtre avec la circonstance aggravante de l’assassinat.

Les faits remontent à un soir de mai 2013. Venu à Genève pour rejoindre un proche qui lui aurait trouvé une place de travail, le jeune homme de 21 ans – marié à une femme en Italie, mais père d’une petite fille née à Londres d’une autre femme – est hébergé par un trentenaire onésien. Faute d’espace dans son appartement, ce dernier lui propose de s’installer dans son garage, à proximité du quartier de Cressy.

Un soir, les deux hommes se rejoignent dans ce garage après avoir échangé une série de SMS. Ils ont une relation sexuelle. Au terme de l’acte, le Kosovar frappe mortellement la victime à la tête à l’aide d’un cric puis d’un tournevis, subtilise l’argent qui se trouve dans son portefeuille et s’enfuit. Selon le rapport d’expertise, entre 25 et 37 coups ont été portés au visage, sur le cou et le torse de la victime, dont les mains ont été ligotées. Le lendemain, la police retrouvera le corps dénudé. L’ADN et les traces de sperme permettront de remonter la piste de l’assassin, parti en Italie.

Deux ans après cette nuit de 2013, le premier acte du procès a tenté de reconstituer le parcours du prévenu. Chemise noire, cheveux coupés courts, carrure imposante, il s’est présenté face à ses juges en restant évasif sur ce qui l’a mené à commettre l’horreur. Alors que ses proches étaient dans la salle, il a demandé le huis clos partiel, « par pudeur ».

Le prévenu a avoué l’homicide suite à son arrestation en Italie. Reste toutefois l’incertitude quant à son parcours exact. Des SMS et le signal de son téléphone laissent planer le doute sur le déroulement de cette journée du 24 mai 2013 qui se termine par l’acte sexuel aux alentours de 22 h 30 et l’assassinat. « J’ai été menacé, frappé. Je ne voulais pas avoir cette relation sexuelle, je ne suis pas homosexuel », tente de convaincre le prévenu.

Face à lui, la famille de la victime, partie plaignante, subit une audience éprouvante et ne croit pas aux propos du meurtrier. « Notre fils était quelqu’un de généreux, jamais violent, mais naïf », raconte sa mère.

Au terme de cette première journée de procès, les médecins légistes sont venus confirmer ce qui figure dans le rapport d’autopsie, à savoir la violence inouïe des coups portés à la victime. Bien qu’ils ne puissent exclure qu’il y ait eu une forme de bagarre, ils n’ont pas constaté de lésions de défense, ce qui laisse penser que « la victime était assise ou couchée » lorsqu’elle a reçu des coups. Le procès se poursuit.

(TDG)