Un homosexuel camerounais, qui a fui son pays où l’homosexualité est considérée comme un crime, a obtenu mi-octobre l’asile en Suisse, une décision extrêmement rare arrachée au terme d’une longue bataille.
Les autorités suisses « m’ont dit de partir mais j’ai gardé le moral », a expliqué mardi à l’AFP Hugues Fouatie Fotsing, qui a fui en 2010 Douala après que des voisins l’ont dénoncé ainsi que son compagnon.
Fouatie et son partenaire ont été insultés et battus par les voisins, et son bar a été détruit. La police est arrivée et a arrêté le partenaire, que Fouatie ne veut pas nommer, tandis que lui réussissait à s’enfuir pour monter plus tard sur une barque de pêche puis dans un cargo en route pour l’Italie.
Dans une interview téléphonique depuis Fribourg, où il vit maintenant, il a raconté son odyssée, un voyage maritime de 28 jours, puis comment il s’est rendu d’Italie en Suisse avec 320 euros en poche, pour y déposer sa demande d’asile en septembre 2010.
Il ne savait alors pas que la Suisse n’avait accepté que 4 demandes d’asile sur 90 entre 1993 et 2007 au motif de persécution pour orientation sexuelle.
Sa demande a d’abord été refusée, jugée non crédible par l’Office des migrations. « Bien qu’il soit conscient depuis longtemps des risques liés à l’homosexualité dans son pays, il n’est pas crédible que le réquérant et son ami se soient laissés aller à des ébats (…) sans prendre de précaution pour éviter d’être surpris », avait statué l’Office.
« J’avais pourtant des preuves, des mandats d’arrêt de la police et les photos de mon bar saccagé », explique Fouatie. Il a été placé en détention administrative dans l’attente de son expulsion. La mobilisation d’ONG et l’intérêt des médias ont poussé les autorités suisses à le libérer en août 2011 et à accepter une deuxième audition sur son cas. L’asile a été finalement accordé mi-octobre.
Selon Alice Nkom, avocate camerounaise connue pour son combat pour la défense des homosexuels, « il y a de plus en plus d’arrestations et de procès » visant leshomosexuels ou les personnes soupçonnées de l’être au Cameroun. « Lorsqu’on arrête une personne dans ce cas, il nous faut au moins six mois pour espérer la sortir de prison. Entre temps, les dégâts sont irréparables », a-t-elle dit au correspondant de l’AFP au Cameroun.
Quatorze condamnations pour homosexualité ont été prononcées au Cameroun en 2011, selon le ministère de la Justice.