Pride Berlinoise : Plusieurs dizaines de milliers de personnes fêtent la loi allemande sur le mariage pour tous (VIDEOS)

Elle avait pour thème officiel « la lutte contre l’extrême droite », mais ce samedi 22 juillet, la plupart des manifestants à la traditionnelle parade de la fierté ont également célébré la légalisation du mariage entre personnes de même sexe, approuvée le 30 juin dernier par les parlementaires allemands et promulguée vendredi par le président Frank-Walter Steinmeier.

« Tout s’est passé tellement vite, contrairement à vos défilés de réacs en France », se réjouit Martin, 37 ans, qui a rallié le cortège festif malgré la pluie, « pour crier sa fierté après tant d’années de pouvoir enfin épouser son homme ».

La majorité des Allemands y étaient favorables. 73 % selon un sondage de la chaîne ZDF. Et il aura fallu aux parlementaires moins d’une heure de débat pour adopter la loi, qui établit que le mariage est conclu à vie « par deux personnes de sexe différent ou de même sexe ».

Angela Merkel, qui avait abandonné son opposition de principe sur la question dans un interview la même semaine, a tout de même voté contre, qualifiant son geste de « décision personnelle ». Elle planifiait un vote seulement après les prochaines élections législatives de fin septembre, le temps de mener un débat au sein de son parti, divisé sur la question. Mais elle a finalement été prise de vitesse par son partenaire minoritaire au sein de la coalition gouvernementale, le parti social-démocrate, qui a imposé un vote rapide en s’alliant avec les deux autres partis de gauche, membres par ailleurs de l’opposition à la chambre des députés. Le texte doit entrer en vigueur en octobre.

« C’est une victoire, nous pouvons aussi adopter mais trop de discriminations quotidiennes demeurent », insiste Martin. « Nous devons maintenir les mobilisations, la visibilité, manifester, notamment avec ce qui se passe en Tchétchénie. Il faut accentuer la pression, à l’internationale. Avoir le courage d’intervenir partout pour contraindre les politiques à œuvrer et sensibiliser l’opinion. »

Début avril, le journal indépendant Novaïa Gazeta a en effet publié une enquête, révélant l’arrestation de plusieurs dizaines d’homosexuels, détenus et torturés par les autorités tchétchènes dans des prisons secrètes. Malgré les témoignages de rescapés corroborant les évocations d’une des purges, Ramzan Kadyrov, président de cette république du Caucase russe, a d’abord réfuté les accusations, pour finalement déclarer sur la chaîne américaine HBO ce 14 juillet qu’il fallait « se débarrasser des homosexuels pour purifier le sang tchétchène ».

En mai, la chancelière allemande avait évoqué la situation avec le président russe Vladimir Poutine, l’invitant publiquement à user de son « influence » pour faire cesser les exactions, ainsi que les menaces qui planent sur la presse. Le Kremlin avait affirmé n’avoir pas confirmation des violences, « aucune victime ne s’étant officiellement manifestée ». Berlin a pourtant accordé ensuite un visa humanitaire à un premier réfugié LGBT tchétchène. Face à la barbarie, Mousse, STOP homophobie et le Comité IDAHO France ont donc porté l’affaire devant la Cour pénale internationale (CPI) et déposé plainte pour « génocide ».

Anne V. Besnard
stophomophobie.com