Plusieurs personnalités, dont le conjoint de Xavier Jugelé, signent une tribune contre Marine Le Pen

« En exploitant les peurs et les craintes que les attentats récents ont exacerbées, le Front national est à présent aux portes du pouvoir en France. Pourtant, son message est porteur de haine. Une haine qui attise la guerre dont nous ne voulons pas », ont défendu ce 1er mai dans une lettre ouverte publiée sur le site de Libération, plusieurs dizaines d’artistes, philosophes, responsables associatifs et proches de victimes d’attentats. Ils estiment que le projet de la candidate FN, qui affrontera Emmanuel Macron (En Marche!) au second tour de l’élection présidentielle, « renforce le terrorisme » qu’elle « prétend combattre ».

Entériner une « préférence nationale », comme le souhaite Marine Le Pen, « serait la fin du principe d’égalité » et « les premiers visés par cette discrimination n’en concevront qu’un ressentiment plus fort qui nous aspirera dans le cercle infernal du rejet de l’autre et de la haine de soi (…) »

« Alors, non, vous n’aurez pas nos peurs, vous n’aurez pas nos colères, vous n’aurez pas nos haines », écrivent les signataires, reprenant les mots d’Antoine Leiris, qui a perdu sa femme et mère de son enfant au Bataclan le 13 novembre 2015. Les mêmes termes également prononcés par Étienne Cardiles, lors de l’hommage rendu à son compagnon, Xavier Jugelé, gardien de la paix assassiné le 20 avril sur les Champs-Élysées dans une attaque revendiquée par l’organisation jihadiste État islamique (EI).

« Madame Le Pen, vous étiez présente à la préfecture de police de Paris ce mardi 25 avril. Vous avez entendu les paroles dignes et poignantes d’Étienne Cardiles. L’avez-vous seulement écouté dans son appel à la fraternité, à l’unité et à la cohésion républicaine ? Un cri de résistance, un appel à la paix qui a d’autant plus de poids qu’il est porté par des victimes et leurs familles et que de nombreux citoyens ont pu se reconnaître dans ce message de paix malgré la répétition depuis 2012 des attentats qui ont frappé notre pays », pour nous terroriser.

Mais si « la France a peur, alors tout est possible, même le pire », poursuivent les signataires, le mécanisme étant bien connu de ceux qui veulent « semer la discorde par l’exploitation politique de la peur » : « Terroriser pour semer le chaos et détruire notre modèle démocratique. » C’est le principal objectif des terroristes, qui attendent des élections « qu’elles remettent en cause les valeurs de la République » française. « Ils haïssent la liberté et l’égalité et attendent que, par l’instauration de lois qui discriminent, l’inégalité conduise à l’affrontement et à la guerre civile. »

Prônant pour l’égalité et la fraternité, les auteurs rappellent que « la France est d’autant plus belle et célébrée depuis des siècles qu’elle est liberté et métissage et doit de rester fidèle à son histoire. » « Face aux fléaux qui nous menacent » et dont Madame Le Pen se fait le lit, conclut la Tribune, initiée par Juliette Méadel, secrétaire d’État chargée de l’Aide aux victimes, « il ne peut y avoir d’autre réponse que la République, toute la République et rien que la République. »