« Mariage » homosexuel : « La Martinique dit non »

Raymond Occolier, maire du Vauclin, en Martinique, est une grande figure du PS local. Dans l’île, il a pris la tête de la fronde contre le « mariage» homosexuel. Au nom de la gauche et de sa foi chrétienne. Décoiffant.

Comment réagissent les maires martiniquais au projet de « mariage » homosexuel?

La plupart des maires affirment qu’il sera impossible de célébrer ces mariages chez eux. Le journal France Antilles du 22 septembre a interrogé tous les élus. Résultat: 20 sur 34 déclarent qu’ils refuseront de marier des couples homosexuels! Et les 14 autres précisent qu’ils demanderont à d’autres officiers d’état civil de le faire à leur place…

Être à gauche et contre le «mariage» ­homosexuel, c’est donc possible?

Évidemment! La Martinique est majoritairement à gauche. Certains sont dans la majorité présidentielle, d’autres avec le Front de gauche, comme Bruno Nestor Azérot, député-maire de Sainte-Marie, qui est « fondamentalement contre» ce ­projet de loi.

D’où vient cette opposition?

Les gens n’avaient pas bien lu le programme de François Hollande! Les Martiniquais ont d’abord voté contre Sarkozy. Certains étaient certes conscients du projet de «mariage» homosexuel, mais ils s’imaginaient que cela ne passerait jamais dans l’opinion, tout comme le vote des étrangers.

Cela n’explique pas la récente fronde des maires de Martinique…

Il y a un paradoxe chez nous. Lors du dernier référendum local, on nous a demandé de choisir: être traités comme les autres départements, ou bénéficier de l’autonomie. Nous avons choisi d’être «comme les autres». Mais on ne peut pas gommer l’Histoire, ni l’influence de la foi chrétienne en Martinique. Les Martiniquais sont majoritairement chrétiens, même si tous ne sont pas pratiquants. Pour nous, le mariage est l’union d’un homme et d’une femme. On ne peut pas demander à des chrétiens d’accepter le mariage entre deux hommes ou deux femmes!

Cette opposition ne va-t-elle pas finir par vous attirer les foudres de la métropole?

Non. Même si la loi est votée, la majorité des maires refuseront de célébrer des «mariages» homosexuels. Tout simplement. Les couples de même sexe ne viendront pas nous voir.

Le PS peut exiger une discipline commune…

J’ai déjà été convoqué par le PS en 2004 à cause de mon opposition au « mariage» homosexuel. J’ai expliqué que j’étais déjà venu à l’époque de François Mitterrand. Il y avait alors plusieurs courants, dont celui des chrétiens de gauche autour de Jacques Delors. Je ne voulais pas me renier. J’ai donc expliqué: «Si vous êtes gênés, je peux me retirer». Ils m’ont dit: «Non, non… Mais cela la fiche mal que tu dises tout ça en public».

J’ai subi beaucoup de pressions. Par exemple, beaucoup de lobbies avaient tout fait pour empêcher la visite de Ségolène Royal dans ma ville en 2007, en me taxant d’homophobie. Elle est finalement venue.

La pression n’est-elle pas encore plus forte aujourd’hui?

Non. La pression est retombée. Car les Renseignements généraux savent que ­l’immense majorité de la population est derrière nous. De toute façon, le «mariage» homosexuel, je ne le ferai pas. Je ne redoute pas les sanctions. C’est le chrétien qui parle, pas uniquement le citoyen. Je ne peux pas faire quelque chose que Dieu réprouve. C’est ma conscience qui hurle! Le gouvernement pourra mettre la pression, je ne céderai pas.

Source : http://www.famillechretienne.fr/societe/politique/-mariage-homosexuel-la-martinique-dit-non-_t7_s37_d66952.html