Aujourd’hui, le projet de loi sur le mariage et l’adoption pour les couples homosexuels est présenté en conseil des ministres (la question de la procréation médicalement assistée n’est pas abordée). Du côté des maires bretons, le sujet divise. Même au sein du Parti socialiste.
Bernard Poignant (PS), Quimper. Contre. Le maire socialiste de Quimper, qui est aussi conseiller de François Hollande, a créé la surprise en demandant l’organisation d’un vaste débat sur le sujet. «Pour moi, la seule question qui se pose ne concerne pas les adultes mais les enfants. L’enfant se construit dans l’altérité des deux genres, féminin et masculin. Le Parlement s’honorerait de consulter largement les structures d’éducation, les associations familiales, de psychiatrie, de pédiatrie, y compris les confessions religieuses».
Agnès Le Brun (UMP), Morlaix. Contre.
Pour cette élue, le problème réside dans l’impossibilité de dissocier les sujets du mariage homosexuel et la famille homoparentale. «Le mariage légalise automatiquement une filiation impossible biologiquement. C’est mentir à l’enfant».
David Robo (UMP), Vannes. Indécis.
«Je suis toujours indécis. Je comprends l’aspiration des homosexuels qui veulent se marier. Mais pour moi, cela peut fragiliser le socle familial, dont la base est constituée d’un homme et d’une femme. C’est le fondement de notre société. Je ne suis pas favorable à l’adoption ou à la procréation médicalement assistée dans le cadre d’un couple homosexuel. Je pense qu’il serait préférable d’organiser un référendum autour de ces questions. J’ai discuté avec mes élus du mariage homosexuel et les avis sont très partagés. Si demain cette loi passe, en tant que républicain, je m’y conformerai».
Bruno Joncour (MoDem), Saint-Brieuc. Contre.
«Au moment où notre pays est confronté à une crise extrêmement grave qui requiert une exigence de rassemblement autour d’une politique courageuse de redressement, ce projet est inopportun parce qu’il divise et accroît les clivages entre les Français. Ce projet doit justifier le temps de l’écoute et du dialogue, afin de réunir un consensus permettant de répondre aux questions légitimes liées aux droits des homosexuels. Ce projet pose des questions de fond qui méritent d’être abordées dans la sérénité.»
François Cuillandre (PS), Brest. Pour.
«C’était une promesse de campagne. Il faut respecter cet engagementet aller jusqu’au bout. Certains maires ont annoncé qu’ils feraient jouer leur devoir de réserve. Je ne suis pas d’accord. Un élu doit appliquer la loi. Si elle est votée, je l’appliquerai à la lettre».
Béatrice Le Marre (PS), Ploërmel. Pour.
Cela va dans le bon sens. C’est une reconnaissance de l’évolution de la société. On va vers une protection juridique des conjoints, mais aussi de leurs enfants. Ces familles existent, elles doivent être protégées. Il est grand temps que notre pays reconnaisse officiellement les différentes formes familiales. Au sein de mon conseil ce n’est pas un sujet de clivage».
Paul Paboeuf (PS), Questembert. Pour.
«Comparé aux questions d’emplois, ça n’est pas le sujet primordial. Mais ce projet de loi va dans le sens logique de l’évolution de la société et du respect des libertés individuelles. Si la loi le permet, je célébrerai ces unions. En filigrane, certains craignent pour l’équilibre des enfants élevés au sein d’un couple homosexuel. Je leur réponds que Marc Dutroux avait un père et une mère. Ce qui ne l’a pas empêché de dévier totalement».
Jean Loaëc (divers gauche), Pleuven. Pour.
«J’ai déjà fait des cérémonies non officielles de personnes qui voulaient donner un peu plus d’ampleur à leur union, dans le cadre du Pacs. Si la loi le permet, je n’aurai aucun problème à célébrer les mariages entre personnes du même sexe, même si je considère que ce n’est pas une priorité.»
* Didier Déniel avec les rédactions de Brest, Quimper et Morlaix
source:http://www.letelegramme.com/ig/generales/france-monde/france/mariage-gay-des-maires-aux-avis-tranches-07-11-2012-1898171.php