L’Église catholique hausse le ton sur le mariage homo

Le cardinal André Vingt-Trois est attendu vendredi après-midi à Matignon pour faire valoir les arguments des croyants contre ce projet.

Ce prélat est un pragmatique. En écrivant la prière du 15 août où il soulignait l’importance «d’un père et d’une mère» pour l’éducation d’un enfant, le cardinal André Vingt-Trois ne pouvait pas prévoir l’ampl…
eur de la polémique que déclencherait ses mots, aussitôt considérés par les lobbys gays, comme une agression indue contre le projet de loi sur le mariage homosexuel.

Même état d’esprit ce vendredi. L’archevêque de Paris n’avait pas prévu de solliciter une audience avec le premier ministre, Jean-Marc Ayrault. Mais l’impression d’avoir rencontré à deux reprises la ministre de la Justice, Christiane Taubira – pourtant à l’initiative de ces premiers rendez-vous autour du mariage homosexuel – sans avoir été entendu, a poussé le cardinal à changer de régime et à s’adresser directement à Matignon.

Ouvrir un débat national
La plus haute autorité du catholicisme français – il est cardinal, archevêque de Paris et président de la Conférence épiscopale, élu par la centaine d’évêques français – sera donc reçu ce vendredi à 14h par le premier ministre. Il compte lui dire pourquoi l’Église s’oppose au mariage homosexuel. Et encore plus à l’adoption d’enfants par ces couples. Il entend également lui demander d’ouvrir un débat national, digne de ce nom, et non réservé aux seuls élus dont la majorité est acquise au projet.

De fait, cette opposition ecclésiale n’est pas d’ordre religieuse: le diocèse de Paris a effectivement publié sur son site une série d’arguments contre ce projet de loi dont aucun n’est théologique. Cette opposition est encore moins «homophobe». La conférence des évêques a publié jeudi 27 septembre une imposante déclaration affirmant qu’il fallait «entendre» la demande des homosexuels en trouvant une formule juridique plus solide que le PACS mais qui ne soit pas un «mariage», et récuser toute «tentation» homophobe.

Ce chef d’Église voit enfin de plus en plus d’évêques et de laïcs prendre position contre ce projet et appeler les gens à écrire à leurs députés et sénateurs pour qu’un débat de société soit enfin ouvert. Une opposition citoyenne s’organise ainsi dans le pays qui dépasse largement le cercle des catholiques. Mais le cardinal Vingt-Trois n’ira toutefois pas jusqu’à demander au premier ministre un référendum comme certains évêques l’ont suggéré.

«Une nouvelle étape de l’égalité»
À ce rendez-vous, le cardinal se rend seul. Il souhaite bénéficier d’une rencontre personnelle avec le premier ministre. Pour avoir été, dans sa jeunesse, un cadre de l’action catholique, Jean-Marc Ayrault connaît de l’intérieur les arguments qui vont lui être servis.

Même si l’homme politique est maintenant loin de cet univers, il sera toutefois partagé entre sa récente profession de foi sur France 2, où il a défini son style de gouvernement par le souci de l’écoute et de la conciliation avec les «corps intermédiaires». Et une déclaration sans appel, le 20 septembre, devant les parlementaires socialistes à Dijon: «La France est une République laïque […] qui respecte les convictions religieuses et philosophiques, mais aucune ne peut s’imposer à tous. Le mode de vie des Français ne peut être soumis à aucune spiritualité. Une nouvelle étape pour l’égalité est engagée.»

Mardi 2 octobre c’est le président de la Fédération protestante, Claude Baty, qui annoncé pour le 13 octobre, une prise de position officielle des protestants en défaveur de ce projet de loi. Le même jour, les évêques orthodoxes de France ont également récusé cette perspective dans un communiqué qui annonce un document plus ample: «Pour l’Église orthodoxe, l’ontologie du mariage se fonde sur la complémentarité homme-femme.»

Source : http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2012/10/05/01016-20121005ARTFIG00321-l-eglise-catholique-hausse-le-ton-sur-le-mariage-homo.php