Au Zimbabwe, Robert Mugabe promet la libération d’un couple gay emprisonné, « quand l’un sera enceinte de l’autre ! »

Ce mercredi 4 janvier, le président zimbabwéen a promis « la liberté » à un couple homosexuel qu’il venait de faire incarcérer, « quand l’un tombera enceinte. » Les deux hommes souhaitaient se marier et n’ont pas hésité à l’assumer, rapporte le portail sud-africain « Mzansilive ».

« Il aurait pu tout aussi bien leur suggérer d’attendre d’être blanc, c’est dans la même tranche, puisqu’il est de toute façon persuadé que l’homosexualité est une maladie occidentale », ironise un internaute.

Robert Gabriel Mugabe l’a effectivement déclaré dans une tribune devant l’ONU en septembre 2015, s’offusquant que l’on puisse le « juger », pour condamner toute tentative d’octroyer aux LGBT (« pires que des chiens et des porcs ») des droits « contraires à nos normes, nos croyances, nos valeurs et nos traditions : Nous ne sommes pas gays ! » Rires dans l’Assemblée…

Un certain « Dieudonné » a surenchéri sur facebook, pour « rigoler » là encore, et parce que « même avec beaucoup d’amour ce qui va en sortir ça n’ira jamais à la maternelle », assure-t-il.

Extraite d’un sketch, cette phrase publiée le 7 janvier a été « likée » et repartagée des milliers de fois, illustrée de nouveaux commentaires tout aussi méprisants vis a vis des homosexuels. En l’occurrence emprisonnés dans ces dictatures, telle le Cameroun, pays outrageusement répressif, que l’humoriste semble pourtant particulièrement chérir, alors même que la liberté d’expression qu’il revendique ne s’y exerce que pour les plus chanceux.

Le code pénal camerounais condamne « l’acte homosexuel » à 5 ans de prison : une violation de la résolution 275 de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP), votée lors de sa 55e réunion à Luanda, et qui réclamait des Etats membres de l’Union africaine (UA) la protection des droits de tous, sans discrimination basée sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre.

Et puis, « persécuter une personne pour son orientation sexuelle, c’est le faire pour d’autres parce qu’elles sont de couleurs, c’est violenter des minorités pour ce qu’elles sont, des croyants pour leur religion, c’est pareil tout ça », s’insurge dans la liste une désormais ex-fan de l’artiste, qui déplore « son manque de conscience » devant les violences et répercussions que génèrent de tels propos. « Je ne m’en étais pas rendue compte jusque là, avant d’en être la victime ciblée. Bien sûr la liberté d’expression doit être protégée mais a-t-on le droit derrière le “rire” d’ouvrir une homophobie, un racisme ou un antisémitisme aussi décomplexé ? »

Rappelons que dans ces pays africains qui condamnent l’homosexualité, en bon souvenir des lois souvent imposées par le colonialisme, si les LGBT restent des « boucs émissaires », c’est surtout pour « détourner l’attention de la population des vrais problèmes ».

Dans sa paranoïa, M. Mugabe a d’ailleurs conduit son pays à la ruine, à la famine et l’exclusion, avec plus de 90% de chômage, accusant ses rivaux politiques de vouloir « faire revenir les Blancs ». Premier ministre de 1980 à 1987 et président reconduit depuis grâce à l’utilisation non dissimulée de la force, il est de nouveau candidat, à 92 ans, à l’élection de 2018. Mais, selon la Constitution adoptée en 2013, il ne pourra plus se représenter ensuite.

Sanctionné en 2014 par Bruxelles, pour fraudes électorales et les violences qui l’ont maintenu au pouvoir, il déplorait dans un discours-fleuve prononcé à l’occasion de la fête de l’indépendance, que « l’Europe d’aujourd’hui n’ait plus de principes, sinon l’absurdité homosexuelle », menaçant d’expulsion tout diplomate qui aborderait la question : « Il n’y aura aucune excuse et nous ne les écouterons pas !»

En 2012, il avait déjà prié l’ancien Premier ministre britannique David Cameron, qui l’interpellait justement sur le respect des droits des LGBT, d’aller se faire voir « en enfer », pour dénoncer en 2013 l’attitude du président américain, qui « conditionne les aides financières à l’acceptation de l’homosexualité ». « Nous avons besoin de perpétuer notre race, et cela vient de la femme, et non d’un John avec John ou d’une Maria et Maria », clamait-il. Obsessionnel, il réitérait en 2015 ses provocations contre Barack Obama qui saluait la légalisation du mariage pour tous partout aux États-Unis, en lui demandant « solennellement sa main, puisqu’il défend les homosexuels et apprécie les beaux visages. »

Mugabé reste néanmoins un « catholique en règle », maintes fois soutenu par le Vatican, où il a été accueilli en invité de marque, bravant son interdiction de séjour en 2005 pour rencontrer notamment le Pape à Rome, puis Jacques Chirac à Paris.

Alexandre Marcel, Présiden du Collectif IDAHOT France,
Terrence Katchadourian (stophomophobie.com).