Les catholiques sont appelés à prier pour la France partout dans le pays mercredi pour la fête de l’Assomption, mais le message de l’Eglise sur la famille suscite la controverse chez les défenseurs du mariage pour tous.
Les évêques de France ont saisi l’occasion d’une fête catholique encore populaire pour proposer que soit prononcée dans toutes les paroisses une prière exprimant l’attachement à la famille hétérosexuelle, à un moment où le gouvernement veut donner aux homosexuels le droit de se marier et d’adopter.
C’est un passage de la prière qui fait débat: « Pour les enfants et les jeunes (…) qu’ils cessent d’être les objets des désirs et des conflits des adultes pour bénéficier pleinement de l’amour d’un père et d’une mère ».
L’Eglise n’attaque pas de front le mariage homosexuel, ni l’adoption par un couple homosexuel, engagements de campagne du président François Hollande réaffirmés en juillet par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Mais les homosexuels refusent de s’y tromper.
« Le texte est parfaitement anodin, écrit dans le plus pur style sibyllin que l’Eglise catholique manie avec brio », constatait mardi avec ironie le Collectif contre l’homophobie (CCH).
Mais pour Nicolas Gougain, porte-parole de l’Inter-LGBT, « parler des familles, insister sur le fait qu’elles reposent sur un père et une mère (…) on sait très bien que la prière fait allusion » au mariage homosexuel.
L’Eglise, pour le Collectif contre l’homophobie, « laisse à certains de ses évêques le soin d’assurer le service après-vente ».
« Ce n’est un scoop pour personne que de dire que l’Eglise s’oppose au mariage homosexuel », s’est exclamé Mgr Bernard Podvin, porte-parole de la Conférence des évêques de France sur France Inter.
Le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, a réaffirmé pour sa part dans le Progrès de Lyon que pour l’Eglise, « le mariage est l’union d’un homme et d’une femme. C’est écrit sur la première page de la Bible ».
Interrogé sur l’adoption d’enfants par les couples homosexuels, il ajoutait: « Notre désir est que la loi n’entre pas dans des domaines qui dépassent sa compétence. Un Parlement (…) ce n’est pas Dieu le Père ».
« Il a l’air de faire une confusion entre le mariage civil et le mariage religieux », note Nicolas Gougain (Inter-LGBT), « l’acte auquel on touche aujourd’hui, c’est bien le mariage civil. Cela me semble très limite qu’un évêque explique au législateur comment il doit se comporter ! »
Pour lui, la position du cardinal « ravive le débat autour de la loi de 1905 » sur la séparation entre l’Eglise et l’Etat.
En effet, au-delà de la question du mariage et de l’adoption, le Parti radical de gauche (PRG) a reproché à l’Eglise de « s’immiscer dans le débat politique en France ».
Auprès du quotidien La Croix, le président du Secours catholique trouve certes le texte « assez balancé ». Mais François Soulage s’inquiète que le nom de la « prière pour la France » ne suscite des amalgames avec le Front national. En outre, la tradition de prier pour la France le 15 août remontant au voeu de Louis XIII de consacrer la France à la Vierge Marie, la prière risque de passer pour « archaïque », dit-il.