Invoquer son homosexualité et la répression dont on est victime dans son pays d’origine pour obtenir un statut de réfugié, ce sont des cas très fréquents rencontrés par le CGRA. En 2014, le Commissariat général aux réfugiés et apatrides a traité 1 070 dossiers de ce type; 35% des demandes de fond ont été reconnues, ce qui représente 5,72% du volume total des plus des 18 000 dossiers qui passent entre les mains du CGRA. Le sujet a été abordé hier au cours d’un colloque organisé par la Maison arc-en-ciel de la province de Luxembourg.

Dans certaines zones du monde, l’homosexualité est criminalisée et poursuivie. Sur base de simples présomptions un homosexuel peut être arrêté, condamné à la prison, à des amendes, à la peine de mort…

«Il y a une explosion des dossiers,» reconnaît Valentine Audate, coordinatrice des dossiers liés aux genres au CGRA. Autre constat, les femmes se manifestent de plus en plus. «Jusqu’il y a quelques années, il y avait 5 hommes pour une femme. Maintenant, la proportion est de 3-1. Les autres motifs de demande d’asile se situent dans un rapport 2-1.»

Dans notre constitution, la loi du 15/12/1980 sur les étrangers mentionne déjà les orientations sexuelles comme motif de persécution pour permettre d’accéder au statut de réfugié. Deux directives européennes font aussi état de ces aspects.

Le CGRA doit prendre attitude à deux niveaux: le demandeur est-il bien homosexuel? Ne se prétend-il pas gay pour accéder plus facilement au statut de réfugié?

Ensuite, s’il est reconnu comme homosexuel, est-il en danger dans son pays? «Toute discrimination n’équivaut pas à persécution.»

Il s’agit donc d’un véritable sac de nœuds où s’entremêlent éléments objectifs et une part d’arbitraire. «On doit trouver des éléments objectifs. On part de la situation du pays d’origine, détaille Valentine Audate. Que se passe-t-il au Cameroun, à Cuba, en Irak? Cela permet de jauger un récit…»

Mais il est toujours difficile «d’évaluer la réalité d’un récit. La manière idéale de vérifier la crédibilité d’un dossier, je ne sais pas si elle existe.»

Le CGRA a bien une feuille de route pour mener les auditions. Mais il ne communique pas sur ce sujet. «Les éléments d’évaluation interne, nous ne voulons pas les dévoiler. Le but du CGRA, c’est d’arriver à des éléments objectifs.» Comme les tuyaux à un examen font vite le tour d’une cour de récré, ceux pour connaître les ficelles d’un entretien en Belgique auraient vite fait le tour du monde…

Source : lavenir.net